Reporter au Wall Street Journal, James Holliday
travaille à un article sur la famille Caputo. Il s'intéresse surtout à la
mort du célèbre mafieux Piero Caputo. De fil en aiguille, il réussit à
entrer en contact avec Rascal, l'ancien garde du corps de Luca Torelli,
alias Torpedo, le fameux tueur qu'on soupçonne d'avoir assassiné beaucoup de
monde dans les années 30, peut-être même un certain Piero Caputo. Moyennant
une petite rétribution, Rascal accepte de mettre James en contact avec
Torpedo. James se rend au rendez-vous accompagné de sa fiancée Wendy Durban
chargée de prendre des photos pour l'article. Torpedo a bien vieilli et ne
roule plus vraiment sur l'or. Prêt à tout pour gagner le moindre dollar, il
accepte de révéler le nom du véritable assassin de Caputo en échange de 500
dollars. Il est même prêt, contre une rallonge de 300 dollars, à balancer le
nom de celui qui a tué l'assassin, puis l'assassin de l'assassin, etc. En
fait, la situation va très vite déraper lorsque Torpedo s'en prend à Wendy
restée seule avec lui pour la séance photos.
Mon avis: Après 15 ans d'absence Enrique Sánchez Abulí
nous revient avec Torpedo, ce gangster sans foi ni loi ! Torpedo a vieilli.
Atteint de la maladie de Parkinson, il doit utiliser une canne pour se
déplacer. Mais ne vous y trompez pas, s'il n'a plus les mêmes réflexes, s'il
n'inspire plus autant la peur et n'a plus son sex appeal irrésistible de
l'époque, il n'en reste pas moins toujours aussi dangereux. A la moindre
escarmouche les balles fusent, si une femme ne le traite pas avec un minimum
de respect (même si lui ne fait pas toujours preuve du plus grand respect
envers la gent féminine) elle risque bien de s'en mordre les doigts (et pas
que). Il ne craint pas non plus de balancer les autres gangsters, surtout
ceux qui sont déjà morts... il n'est pas fou ! Après 18 albums publiés de 1983
à 2004, Abulí prend plaisir à faire revivre son personnage et cela se
ressent. Il a même enrichi l'album d'un prologue et d'une histoire courte de
trois pages sous forme de dialogues.
Au dessin, c'est le prolifique dessinateur Eduardo
Risso, lui aussi maître du noir et blanc, qui succède à Jordi Bernet. Ils
deviennent trop rares à mon goût, c'est dommage! Si son trait est plutôt
expressif et semi-réaliste, le découpage un rien plus américain nous fait
directement penser aux mises en scène des films noirs et autres polars de
l'époque où domine une ambiance sombre et oppressante. Je suppose qu'il a
été choisi par Abulí pour sa maîtrise de l'encrage, typique des traits forts
et puissants. Pour vraiment l'apprécier, je conseille de se procurer la
version N&B de l'album.
Eduardo Risso va à l'essentiel, maîtrise parfaitement
le jeu des ombres et lumières plutôt que de charger les cases de décors
"inutiles", par ailleurs bien présents et efficaces tout au long de l'album.
Les couleurs, comme pour tous les albums de Risso,
atténuent légèrement l'impression d'oppression du N&B en apportant une
certaine douceur au dessin. A voir en fin d'album un cahier de recherches et
desquisses de sept pages.
Une histoire simple mais efficace. Certes, ce n'est
plus Jordi Bernet mais Eduardo Risso sest très bien approprié le personnage
emblématique de Torpedo créé en 1980 par Enrique Sánchez Abulí.
SDJuan